Homélie du 3e dimanche de l’Avent
C’est Jean-Baptiste qui nous accompagne en ce dimanche de Gaudete, dimanche de la joie. Le temps de l’Avent bascule aujourd’hui et nous tourne plus directement vers le mystère de la nativité.
Jean Baptiste est le modèle du disciple. Beaucoup venaient à lui, pensant qu’il était le Messie. Il aurait pu profiter de ce succès auprès des foules, profiter de son aura, de la puissance de sa prédication. Ceux qui venaient à lui, lui posaient la question : « que devons-nous faire. » Il aurait pu ramener à lui, tourner vers lui, devenir le centre et manipuler les foules comme il aurait voulu. C’est ce qui se passe quand une personne, ayant autorité sur d’autres, que ce soit dans le domaine religieux, politique ou autre, va utiliser cette autorité à des fins personnelles, pervertissant ainsi la mission confiée. Cette façon de faire est à la base de tous les abus et de toutes les emprises.
Jean Baptiste nous montre la véritable attitude du disciple de Jésus Christ : « Il faut qu’il grandisse et que je diminue. » Ou encore aujourd’hui : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales. » L’attitude du disciple est bien de marcher derrière le Maître.
A toutes les questions qui lui sont posées : « Qui es-tu ? Es-tu le prophète Elie ? Es-tu le prophète annoncé ? » Il répondra : « Je ne suis pas. » Nous pouvons facilement faire le lien entre « Je suis » et « Je ne suis pas. » « Je Suis » c’est le nom que Dieu révèlera à Moïse au buisson ardent. Ce même nom que Jésus reprendra à la question des Pharisiens : « Qui prétends-tu être ? » « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham soit né, Je Suis. »
Jean Baptiste répond : « Je ne suis pas. » Le seul moment où il dit qui il est, c’est pour expliquer la mission que Dieu lui a confié : « Je suis la voix qui crie dans le désert : redressez le chemin du Seigneur. » Il reprend ainsi les paroles du prophète Isaïe, ramenant tout à Dieu, orientant le cœur des hommes vers Dieu.
Il est la voix, il n’est pas la parole, le Verbe. Il est serviteur du Verbe, l’instrument du Verbe, le porte-voix du Verbe.
Jean Baptiste est le modèle de toute personne exerçant une responsabilité dans l’Eglise, je le disais tout à l’heure : il est le modèle du prêtre qui ne doit jamais ramer à lui mais toujours orienter vers le Christ, il est le modèle du serviteur et donc du service et en ce sens, il est une belle figure diaconale ; le diacre, vous le savez, vous le voyez, est toujours un peu derrière, derrière le prêtre lorsque celui-ci est à l’autel, derrière l’évêque. Il est là pour être signe de notre propre vocation à chacun : à moi en tant que curé pour que je n’oublie pas qu’elle est ma place, non pas celle du tyrannique dictateur qui impose sa volonté à tous, sans la moindre contestation, menaçant d’excommunication ceux qui oseraient contester son autorité, à vous frères et sœurs le diacre vous rappelle que vous marchez à la suite de Jésus, et que votre mission est de servir, non pas d’être des larbins ou des esclaves, mais des serviteurs du Royaume qui se donnent au Christ et sont ainsi témoins de son amour dans le monde qui est le nôtre.
Si vous exercez une responsabilité dans la communauté chrétienne, votre attitude doit être celle du service. Si vous exercez une responsabilité dans la société, dans une entreprise, votre attitude doit aussi être celle du service, qui permet la croissance de ceux qui vous sont confiés, pratiquant ainsi la charité en toute chose, la charité qui ne saurait exister sans la vérité et la recherche de la justice.
Et c’est ainsi que nous grandissons nous-mêmes, que nous nous déployons, que nous permettons à ceux qui nous sont confiés d’exister, et de se déployer eux-aussi. L’autoritarisme emprisonne dans le mensonge, la manipulation. Il est source de conflits ; il est l’œuvre du diable. Dieu libère et ceux qui le suivent connaissent la liberté. Jean Baptiste était libre parce que fidèle à sa mission, tout donné à Dieu qui lui donnait tout. Il n’avait pas peur de dire aux autorités de son époque ce qu’il avait à dire. Il ne craignait pas le châtiment des hommes ; ce qui lui importait, c’était le salut de ses frères et la justice divine.
Puissions-nous suivre son chemin en demandant la grâce de l’Esprit Saint qui nous fera reconnaître et proclamer Jésus comme le seul Sauveur et qui fera de nous des témoins joyeux de croire dans un monde perdu parce sans Dieu.
N’ayons pas peur, comme Jean-Baptiste de défendre, non pas nos idées, mais la volonté de Dieu qui ne saurait être réduite par des lois humaines ou par des lobbys mortifères. La foi au Christ est libératrice, elle la vie parce que le Christ est la vie, comme il est le chemin et la vérité qui rend libre.